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vendredi 11 novembre 2011

A la barre à mine !



Je me suis initié, ces derniers temps, au maniement de la barre à mine. Outil redoutable et efficace. Je voulais implanter une haie le long de la clôture qui me sépare du voisin. Pour vivre heureux, vivons cachés.Seulement, ce n'était pas évident : le fermier qui m'a précédé en ces lieux avait, comme c'est souvent le cas, un tracteur. Il faut bien que ces gens-là s'amusent ! Pour meubler ses nombreux loisirs, il s'adonnait aux joies simples du ramassage scolaire et garait le car à la maison. Homme pratique, plutôt que de régulièrement s'embourber dans la bouillasse quand par malheur la pluie détrempe les sols, il avait empierré la passage. Sage précaution car les précipitations ne sont pas si rares dans nos vertes collines.

Sage précaution, certes, mais quand on a une haie à planter dans un terrain empierré, on se prend à regretter de ne pas avoir été précédé par un insoucieux. Comment creuser une tranchée dans un sol qui, attaqué à la pioche, n'en semble pas plus affecté que ça ? 

Il y a bien le marteau-piqueur. C'est de ce délicat instrument que j'avais usé l'an dernier pour installer ma clôture. J'en ai gardé de longs mois un souvenir douloureux : sa pointe s'étant coincée entre des cailloux dans le trou que je perçais, j'entrepris, pour l'en extraire de le faire basculer latéralement. Ces mouvements finirent par atteindre leur but mais de manière un peu brutale : d'un seul coup, la pointe se dégagea et, entraîné par l'élan que je lui avais imprimé, le corps du lourd outil vint violemment frapper le côté interne de mon genou droit me causant une violente douleur et me contraignant plusieurs mois durant à claudiquer en m'aidant d'une canne. Peu rancunier, je demandai pourtant au voisin de me prêter le sien. Évidemment, il l'avait prêté à un autre. Ainsi sont les voisins. En acheter un ?  Le louer ? Coûteux, tout ça... 

C'est alors que la barre à mine m'apparut comme une solution. On ne pense que trop rarement à cet outil. Vous qui me lisez, pouvez-vous sans mentir m'affirmer y songer souvent ? Homme d'action autant que de réflexion, je me rendis donc sans délai  au Magasin Vert le plus proche pour en faire l'emplette. Ils en avaient une ! Elle était belle, peinte en bleu. 

Je pus donc commencer ma tranchée. Dire que ce fut une partie de plaisir, ces quarante mètres à creuser, serait exagéré. Mais à raison de quelques heures de maniement par jour, j'en vins à bout. Avec un minimum d'énergie et de constance, les résultats sont là. En la maniant, je me disais que cette barre pouvait constituer une arme redoutable entre des mains rompues à son usage. Si on peut de sa pointe faire éclater le granite, quels dommages n'infligerait-elle pas à un malotru ? J'en vins à imaginer que l'on pourrait très bien, plutôt que de s'user en vaines polémiques, régler ses différends par un duel à la barre, l'offensé ayant droit à un coup franc. Combien de vaines disputes seraient ainsi évitées ? On y regarderait à deux fois avant d'offenser...

Depuis, je rêve d'un monde apaisé et serein où les conflits se règleraient à coups de barre à mine.

6 commentaires:

  1. Ah ! la barre à mine... Un poème à elle seule. jeune ouvrier, sur les voies de chemin de fer, il n'y avait qu'elle pour m'aider à affronter le ballast, bien avant l'inutile pioche. Et c'est vrai que quand un mormon désobligeant profitait de votre pause de 10 h pour vous alourdir les bottes d'un bon kilo de purin, c'est elle encore qui venait à votre secours avec une bonté émouvante.

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  2. Il y a aussi la méthode qui consiste à dire à son voisin paysan qui possède un tracteur : "Combien me prendriez-vous pour me creuse une tranchée ?"
    Mais je reconnais que lorsqu'on tient la forme, rien, sans doute, ne peut remplacer le plaisir que procure le maniement de la barre à mine.

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  3. La barre à mine, un ami en avait une dans le coffre de sa voiture avec quelque manche de pioche mais je doute qu'elles étaient destinées pour sortir des pierres d'un chemin.

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  4. @ Ygor : Vous m'aviez donc devancé.

    @ Mildred : Pourquoi appeler un mercenaire quand on peut se défendre soi-même ?
    Parfois je me demande si je ne préfère pas l'effort au résultat.

    @ Grandpas : N'auriez-vous pas de douteuses fréquentations ?

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  5. Que nenni cher Jacques Etienne,

    C'est un garçon charmant, prévenant et surtout mettant en exergue cette citation: " SI VIS PACEM,PARABELLUM".

    Il arrivait parfois au Moyen-Âge que les défenseurs d'une forteresse invitent le commandants des assaillants pour leurs montrer leurs préparations défensives afin qu'ils comprennent combien ils risqueraient de lourdes pertes en décidant de s’acharner à les assiéger durant quelques mois.

    Parfois les assiégeants levaient le siège sans perdre la face.

    Et puis trop tôt vaut mieux que trop tard.

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  6. Je ne trouve rien à dire sur le bar à Minne.
    Alors je ne dis rien.

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