Il est probable que comme moi, sans y
voir malice, il vous arrive, volontairement ou pas, d'aspirer une
araignée laquelle finit dans un tourbillon de poussière. Même s'il
ne s'agit pas d'un accident peut-on pour autant vous taxer
d'arachnéophobie ? Je ne pense pas. Ce n'est pas la peur des
poussières qui vous pousse au ménage mais le simple et
compréhensible désir de vivre dans un logement propret. Mais
revenons à nos araignées.
Après en avoir aspiré quelques unes
l'autre jour, je me suis posé une question : ne serait-il pas
concevable que certaines survivent à cette épreuve voire prennent
plaisir à virevolter au gré du souffle d'air qui les emporte un peu
comme certains humains connaissent d'agréables émotions dans les
toboggans des centres de loisirs nautiques ? En admettant ces
deux possibilités ne peut-on imaginer que mâles et femelles se
rencontrent dans le sac ou le réservoir à poussière et qu'ils s'y
livrent aux plaisirs de la copulation (l'araignée étant, comme
chacun sait, une créature lascive et doté d'une inextinguible soif
d'ébats sexuels) ? En naîtraient des individus
aspiro-résistants dont la plus grande source de plaisir serait de se
voir entraînés par un souffle puissant avant d'aller se vautrer
dans le stupre. Maintenant, on peut craindre que la vie ne soit un
rien ennuyeuse dans un bac ou un sac à poussières. Sans compter
qu'on y manque de gibier. Aussi ces sympathiques arachnides
regagneraient-elles leurs plafonds chéris après avoir retrouvé
l'air libre par le chemin qu'elles avaient emprunté pour venir. Ceci
expliquerait pourquoi, malgré tout le soin qu'on met à se
débarrasser d'elles, on se retrouve toujours avec des araignées en
attente d'une prochaine aspiration..
Dès que mes nombreuses activités m'en
laisseront le temps, je me pencherai avec toute la rigueur
scientifique nécessaire sur la question et vous communiquerai les
résultats de mon enquête qui, je l'espère, corroboreront mon
intuition.